Détachée du supercontinent originel appelé Gondwana il y a 75 millions d’années, Madagascar est la 4ème île au monde en taille. De par son insularité et sa position géographique, la Grande Ile présente une biodiversité unique et une variété de paysages qui lui ont valus le surnom d’Ile‐continent. La richesse de sa faune et de sa flore, un taux d’endémicité exceptionnel permettent la découverte d’espèces biologiques variées disparues de la masse continentale depuis des milliers d’années. Ces caractéristiques naturelles font sa renommée chez les scientifiques mais ils constituent aussi son atout le plus important au niveau touristique. Cette diversité naturelle ne doit pas non plus éclipser l’originalité ethnologique du métissage qui a eu lieu sur la Grande Ile au fil des vagues migratoires de l’histoire. De ses multiples origines le peuple malgache tire une culture originale qui se manifeste à travers de nombreux rites et traditions ancestrales encore vivantes aujourd’hui. Population insulaire unique qui offre mille visages et pourtant si unie, elle se caractérise par une joie de vivre, un sens de l’hospitalité qui est une invitation au voyage en soi.
Le pays connaît depuis plus d’un quart de siècle une crise économique profonde qu’accentue aujourd’hui la concurrence économique mondiale ainsi que des problèmes politiques récurrents. Dans ce contexte difficile, le tourisme qui compte désormais parmi les premiers secteurs économiques pourvoyeurs de devise après l’industrie minière est présenté comme un des remèdes miracle pour lutter contre la pauvreté. Pourtant la situation réelle du tourisme à Madagascar ne semble pas accréditer cette hypothèse. Malgré les créations d’emplois et autres retombées économiques indirectes, il ne profite encore qu’à une faible minorité de la population. Ceci explique en partie le fait que les gens qui vivent à proximité des réserves naturelles n’adhèrent pas toujours au processus de conservation environnementale mis en place par les ONG étrangères et nationales. Pour que le tourisme soit un véritable facteur de développement, il faudrait à la fois concilier la nécessité de préserver les ressources naturelles et celle d’impliquer les communautés locales, tout en proposant une offre qui prend en compte la demande du marché international.
Entre l’insuffisance de ses structures hôtelières et la richesse de ses espaces naturels, Madagascar nouveau venu sur la scène du tourisme international a du mal à trouver sa place. D’un côté, l’attraction du modèle touristique voisin de l’île Maurice et une volonté politique de développer le tourisme balnéaire, de l’autre des étendus encore vierges et une population en constante précarité, la question reste posée : quel tourisme pour Madagascar ?
Le Nord de Madagascar et le cas de Nosy Be
Dans le Nord de Madagascar, les touristes peuvent trouver de nombreux sites pour étancher leur soif de dépaysement à travers la découverte d’une faune et d’une flore endémiques, de la culture locale et également de paysages très variés. L’analyse des offres touristiques existantes montre la prédominance de deux types de produits touristiques : l’écotourisme dans les réserves naturelles et le tourisme balnéaire sur les îles ou les plages. Le premier type ne semble pas intégrer les communautés villageoises puisqu’elles continuent d’être considérées comme des menaces sur l’environnement. Le deuxième, dont le plus célèbre exemple est l’île de Nosy Be, est destiné à une clientèle plutôt aisée dont les exigences, en termes de confort ou standing, excluent les petits établissements locaux. Sans parler des nombreuses dérives et des changements socio‐économiques dont le tourisme est un des principaux facteurs, la population locale est trop souvent mise à l’écart de l’offre touristique dans sa globalité.